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Modèle (dans les solutions de la méthode)

Le but ici et d’essayer de modéliser nos facteurs de vie positifs et négatifs qui vont agir positivement ou négativement sur notre bipolarité.

Ou, plus précisément, les facteurs de vie qui vont contribuer à notre stabilisation: Ce sont les facteurs positifs. Mais aussi les facteurs de vie qui vont contribuer à notre déstabilisation: Ce sont les facteurs négatifs. Des facteurs négatifs qui entrainent des rechutes vers des épisodes extrêmes, et donc une déstabilisation. •Le but du modèle que je vais vous présenter étant bien sûr de réduire autant que possible les facteurs négatifs et de maximiser autant que possible les facteurs positifs. Mais avant, il faut déjà connaitre nos facteurs. Les notre, à nul autre pareils.

Apprendre, pour comprendre avant de conclure.

–>Version vidéo de la présentation du modèle ( cette page) :


Commençons par un exemple. Je vous présente SONIA et GABRIELLE. Vous ne les connaissez pas et c’est normal, ce sont des personnages fictifs. Mais tout de même si proches de beaucoup de patients bipolaires de notre connaissance. Sonia et Gabrielle sont des femmes, Elles ne se connaissent pas et ont toutes les deux 40ans, elles sont mariées, elles ont 2 enfants, elles ont le même métabolisme (ça c’est assez improbable mais on dit que si l’exemple).Elles ont des antécédents bipolaires, c’est-à-dire une prédisposition génétique au trouble bipolaire, une vulnérabilité héritée donc. Elles sont bipolaires type II. Elle ont le même traitement avec même dosage de Téralithe (Lithium)

Et pourtant: Sonia est stable depuis plusieurs années alors que Gabrielle ne bénéficie que de courts épisodes euthymiques entre des hauts et des bas.

Sonia a un mari aimant, une maison confortable, des enfants sympas, une situation financière correcte, une bonne éducation, un boulot enrichissant, des activités épanouissante diverses. Sonia a une famille (Parents et frères/sœurs) bienveillante qui l’ont toujours soutenue. Elle a eu une enfance heureuse.

Gabrielle a un mari volage et peu fiable, un appartement bruyant dans une zone dite « sensible », son fils deal et sa fille est déscolarisée à 16 ans sans activité. Elle a de gros soucis d’argent, un boulot nourricier exténuant, aucune activité autre que la télévision. Gabrielle a vécu des maltraitances infantiles et ses parents ne l’ont jamais prise au sérieux lorsqu’elle s’en plaignait. Elle a aussi vécu l’échec scolaire à l’école.

L’enfance heureuse de SONIA l’a épargnée de troubles psychologiques liés à la maltraitance infantile ce qui n’est pas le cas pour Gabrielle. L’ENFANCE est un facteur positif donc stabilisant pour SONIA et un facteur négatif très déstabilisant pour Gabrielle. De même pour les autres facteurs. Même si dans la vraie vie, bien sûr, tout n’est jamais tout vert ou tout rouge. J’ai juste forcé un peu le trait par soucis pédagogique.


Connaitre nos facteurs, les évaluer, est un début. Le facteur emploi négatif de Gabrielle est peut-être très difficile à résoudre. Mais le sous estimer risque de bloquer Gabrielle dans sa stabilisation. Et malheureusement souvent le cas chez nos psychiatres n’est ce pas? C’est pour cela que nous avons besoin d’un modèle.

Un modèle où nous allons d’abord classer les facteurs positifs et négatifs selon trois catégories.

Et la 1ère catégorie, ce sont les FACTEURS BIOLOGIQUES: la prédisposition génétique due aux vulnérabilités à la bipolarité héritée de nos ascendants. Notre tempérament inné qui peut être anxieux, mélancolique et donc favoriser le déclanchement et les rechutes de la bipolarité. Des maladies inflammatoires  contractées et entrainant des problèmes psychiques

La 2ème catégorie ce sont les FACTEURS PSYCHOLOGIQUES : Enfance, vie maritale, caractère, schémas de pensée

Et la 3ème catégorie ce sont les FACTEURS SOCIAUX: finance, logement ,emploi, enfants, activités.

On peut rassembler les facteurs psychologiques et sociaux en une seule catégorie, les facteurs environnementaux. On les appelle aussi facteurs de stress. Je me suis focalisé sur ces deux catégories de facteurs avec Sonia et Gabrielle.

Donc en résumé trois catégories de facteurs: les facteurs BIO-logiques, les facteurs PSYCHO-logiques et les facteurs SOCIAUX.

Rassemblés au sein d’un modèle unique, le « fameux » modèle BIO-PSYCHO-SOCIAL.

On doit le fameux modèle BIO-PSYCHO-SOCIAL au médecin et psychanalyste George LIBMAN ENGEL. Il l’a développé au milieu du 20ème siècle. Nous pouvons l’adapter à pas mal de maladies. Et particulièrement à la bipolarité.  Il tranche avec le modèle traditionnel biomédical centré sur le traitement par médicaments. Pour en savoir plus, consultez la page de la médiathèque de ce site dédiée à ce modèle (lien sur la page). Livres, publications et aussi de nombreuses vidéos explicatives. Faites par des experts

Mais revenons au modèle bio-psycho-social appliqué à NOTRE problématique de stabilité.

Ce modèle, nous le personnalisons en évaluant d’abord nos facteurs NEGATIFS (en rouge) qui entretiennent notre trouble bipolaire et par voie de conséquence notre instabilité. Il faut comprendre où sont les sources du problème, les facteurs négatifs, si on veut bien se stabiliser. Nous faisons la liste de ce qui ENTRETIEN notre trouble.

Et on évalue également nos facteurs POSITIFS (en vert) qui vont au moins essayer de réduire l’impact des facteurs négatifs. Et nous sortir du cercle infernal de l’instabilité.

J’ai réparti ainsi les principaux facteurs négatifs (cliquer sur l’image pour l’agrandir). Peu importe si on se trompe entre psycho et social. Le plus important est de ne pas oublier de facteurs importants.

Et voici les facteurs positifs. Existants comme le lithium ou à mettre en place. C’est juste une proposition. Face à la maltraitance infantile, l’aide d’un psychologue peut être souhaitable. Ou une mise au point familiale… certes pas toujours très efficace. Face à un mari volage, une séparation temporaire peut être? Et puis un nouveau boulot, une prise de distance, face aux facteurs sociaux négatifs. Loin de moi l’idée de vouloir proposer une liste d’actions, de facteurs positifs. Je ne suis pas psy, je ne fais pas de prescription et je ne propose qu’une méthode. Dans la vraie vie à nous, à vous, de faire les choix les plus judicieux.

Mais si on fait l’impasse sur des facteurs négatifs déstabilisants, notre stabilité est plus que compromise. Et c’est malheureusement le cas encore de trop nombreux médecins psychiatres.


En effet, La posture des psychiatres vis-à-vis du modèle bio-psycho-social est assez ambiguë. D’un côté, tous les jeunes psychiatres que j’ai rencontré et que j’ai questionné m’ont confirmé qu’ils étaient tous formés à ce modèle dans le cadre de leurs études. Une approche globale, holistique, qui sort du cadre purement médicamenteux, le cadre biomédical.

Mais d’un autre côté, dans la vraie vie, c’est bien le modèle biomédical qui continue à s’imposer chez beaucoup trop de médecins psychiatres. En faisant trop souvent l’impasse sur les facteurs psycho-sociaux. C’est fâcheux. . Je pense qu’une des raisons à cette approche incomplète est due à une certaine confusion entre les causes de la maladie bipolaire et les facteurs de déclenchement et de rechute de la dite maladie. Et c’est plus qu’une nuance!

J’ai trouvé dans ce livre une explication plausible à cette confusion et à cette focalisation sur le biomédical au détriment du psycho-social. Je l’ai surligné en jaune. (cliquer sur l’image pour l’agrandir). Oui, la cause de la maladie bipolaire, son étiologie en langage médical, est bien biologique. On parle de prédisposition génétique, d’une vulnérabilité innée. On n’attrape pas la bipolarité comme on attrape une grippe. La vulnérabilité à la maladie bipolaire est en nous à la naissance. Par contre, son déclenchement et ses rechutes, ce qui nous intéresse ici, sont bio-psycho-sociales. Notez que les auteurs de cet excellent livre, malheureusement épuisé (le livre, pas les auteurs!) ont rassemblé le psycho-social au sein de l’environnemental.

Se contenter du modèle biomédical revient donc à plutôt se focaliser sur les causes et non sur les facteurs de rechute. C’est très réducteur. Mais encore trop courant.

« En 2012, il y a donc 10 ans maintenant, j’ai traversé ma plus forte dépression. Et ma dernière aussi. Plus de six mois de mélancolie. Ceux qui ont vécu ça savent de quoi je parle. Ceux qui ne l’ont pas vécu … et bien je leur souhaite de ne jamais le vivre. J’étais plombé par deux facteurs négatifs majeurs: mon travail source de stress intense et mon couple en crise. J’ai réussi à avoir l’énergie pour trouver une solution au stress au travail: j’ai pu arrêter de travailler dans de bonnes conditions. Pour mon couple c’était un peu trop tard. Mais ca a suffit: le facteur négatif « stress au travail » à été résolu par le facteur positif « arrêt définitif du travail ». Et ca m’a permis de sortir définitivement (depuis dix ans ..) de la dépression. Je ne suis pas bien sûr en train de préconiser l’arrêt définitif de travail pour vous si vous rencontrez la même problématique. Ca a été ma solution dans mon contexte. Non transposable la plupart du temps à d’autres personnes. Je veux simplement insister sur l’importance de bien évaluer les problèmes, les facteurs négatifs, pour y appliquer les bonnes solutions, nos solutions: les facteurs positifs. D’ailleurs, quelques années plus tard, alors que je m’installai dans la stabilité, j’ai identifié la cause d’un autre nouveau facteur négatif – le manque de confiance en moi – que j’avais totalement ignoré jusque là. Le résoudre m’a fait grandement avancer. Et ce n’est pas fini … »


En résumé, en modélisant nos facteurs positifs et négatifs grâce au modèle bio-psycho-social, nous nous donnons les moyens de prendre en compte tous les facteurs stabilisants et déstabilisants en essayant de laisser un minimum de zones d’ombre, de facteurs inexplorés.

Vous trouverez plus de ressources tierces sur le modèle bio-psycho-social dans la médiathèque